Le hip hop mène la danse

Mittwoch 11.12.24
de: Corinne Jaquiéry

La culture hip hop se développe dans tout le pays. La 5e édition des Solothurner Tanztage accueille le chorégraphe Muhammed Kaltuk, venu du hip hop, le 7 décembre prochain, alors qu'en avril 2025, le festival Existe à Monthey recevra la crème du hip hop suisse et international.

Née dans les ghettos noirs et latinos du Bronx, à New York, à la fin des années 60, la culture hip-hop s'articule entre le freestyle en danse, le breakdance, le rap, le DJing (compositions musicales issues de l’enchaînement de plusieurs musiques via une table de mixage), le beatboxing (imitation d’instruments, particulièrement des percussions, avec la bouche), le graffiti. Le mouvement hip-hop arrive en Europe au début des années 1980. Ce phénomène socio-culturel souffle sur la France. Très vite, la Suisse romande et la Suisse sont également touchées. Les années 2000 assistent à l'avènement de la danse hip-hop contemporaine et confirme la place légitime de cette culture sur les scènes des théâtres et évènements incontournables de la danse.

Venue de la rue, elle inspire aujourd'hui de nombreux chorégraphes comme Kader Attou, Eric Mezino, Chaouki Saı̈d, Mourad Merzouki ou encore Muhammed Kaltuk.


David Gross alias Cooper du duo de danseurs hip hop Cooper&Voldo, fondateurs du festival Existe à Monthey, se réjouit de l'évolution de la danse dans le cadre d'un mouvement plus que cinquantenaire qui se diffuse aujourd'hui dans le monde entier auprès des jeunes et des moins jeunes. En Suisse, c'est à Genève, Lausanne ou Zürich que la culture hip hop prend vraiment son essor. En Valais, le duo Cooper&Voldo a reçu le prix de culturel de la Ville de Monthey pour son travail spectaculaire et milite pour faire venir à Monthey la crème de la danse hip hop suisse et international.


« Le but est d'amener cette culture-là, avec son authenticité, ses codes et ses moyens d'expressions, sur les scènes et dans les lieux institutionnels comme c'est le cas à Soleure et à Monthey. »


Son mentor Mamadou Kalombo, alias Mams, danseur et chorégraphe veveysan bien connu en Suisse romande aimerait aller encore plus loin et rêve d'une formation en danse urbaine validée par l’État, au même titre que les cursus en danse classique et contemporaine. En France, on réfléchit même à la nécessité de posséder un diplôme pour d'État pour les personnes souhaitant enseigner la danse hip hop.

Pour Cooper, la démarche est intéressante, mais il craint que cela ne ferme les portes à la spontanéité.


« Dans cette culture, tout le monde est accepté tel qu'il est. Il n'y a pas de prérequis. C'est sa richesse. »


La tenue de la 3e édition du festival Existe qui s'étalera désormais sur 2 jours en avril 2025, le conforte dans son désir de mieux faire connaître la danse hip hop.


« Il faut faire valoir cette culture qui a sa place dans toutes les institutions. Elle suscite un vrai engouement auprès du jeune public notamment, mais les directions de théâtres en Suisse ne la programment pas facilement. »


Pour Lorenzo Malaguerra, directeur du Théâtre du Crochetan à Monthey, qui accueille le festival Existe, on est loin de la reconnaissance institutionnelle.


« Souvent dans les théâtres, c'est la danse contemporaine qui réutilise le hip hop, lequel n'est pas considéré comme de la danse pro, c'est dingue! »


déplorait-il dans le journal Le Nouvelliste. Pour David Gross, les deux parties, interprètes de hip hop et institutions théâtres doivent en faire plus pour se rencontrer.


« Il y a aussi peut-être un manque de recherche et de propositions de notre côté, mais notre but, c'est clairement d'amener cette danse-là sur scène. De pouvoir en faire des spectacles et de la faire rayonner à travers le pays afin qu'elle puisse vivre hors des milieux des battles uniquement. »


Renseignements:

www.solothurner-tanztage.ch

http://www.crochetan.ch/event/festival-existe/

https://companymek.com/